Bertrand PEARON
118 rue de la platrerie
05230 LA BATIE-NEUVE
atelier.disbaru@gmail.com
15/01/2024
Si mon regard s'était déjà posé sur elle plusieurs fois, je n'avais jamais osé encore l'aborder.
Il y avait une crainte, déjà, qu'elle nous remplace tous.
Puis une peur sans fondement, animale, qui nous fait fuir dans un premier temps ce que nous ne connaissons pas.
Mais sur tous chemins d'aventures, nous trouvons toujours des guides avisés, (là je pense, évidemment, à des Pascal SERRES et Jonathan PASCAL 😉 ) qui m'ont mieux présenté la belle.
S'en suit cette première phase de flirt, à jouer ensemble, se tester, découvrir où sont nos limites respectives. C'est tout beau, tout neuf, on en sourit. Mais on voit aussi la puissance qu'il en émane. Et mieux encore, en quoi elle peut m'aider dans mon travail. Et je choisi bien ce mot : m'aider. Aussi séduisante qu'elle est, elle ne restera qu'un outil de plus dans mon bureau.
Non que je veuille m'engager avec elle. Mais, si j'avais tendance à m'excuser à elle au début, quand je reformulais une occurrence dont les résultats n'étaient pas satisfaisants : elle n'est qu'une machine. Aussi, je peux oublier tout anthropomorphisme à son égard, elle n'a aucun sentiment.
Et bien moi, je sais les exprimer.
Nous resterons complices pour sûr et je pense, pour des décennies. A entrevoir le champs des possibles avec son apport, il serait idiot de lui tourner le regard. Si elle porte en son nom l'intelligence, ce n'est pas pour me laisser affubler celui d'idiot.
PS : ce texte est entièrement écrit par un humain, l'image ci-jointe est entièrement faite à l'IA (Et c'est intéressant de voir qu'en se basant sur notre univers graphique, l'IA assimile assez facilement "intelligence" et "artificielle" à une figure plutôt masculine et "flirt" à une interaction homme > femme. On va pouvoir lui en apprendre encore ! 😉)
10/11/2023
Du chaos nait la lumière.
Alors accepter celui-ci.
La feuille est emplie, mais bien trop. On s'y perd, s'y noie.
Là une forme déjà trop vue, ici une couleur qui jure.
Sur un essai qui paraissait tellement bien dans l'imaginaire le message n'y est pas, l'intention absente... Trop loin de ce qui était voulu.
Les brouillons s'accumulent, se suivent, échec après échec, déception après déception.
Le plan de travail est un amoncellement d’expériences loupées. Pourtant là, au milieu de ce chaos, commence à se tracer la voie. A tant de pistes rebroussées on fini par trouver le chemin.
Chaque expérience avortée a créé une marche de plus vers la finalité souhaitée. Alors s'esquisse doucement la bonne forme, la typographie parfaite, le montage idéal. Émergeant doucement d'un brouillard créatif, le graphisme s'affirme pas à pas.
25/10/2023
Mais pas pour autant ne rien penser.
Le processus créatif se confronte à cette fameuse page blanche.
Alors autant la laisser blanche. D'une angoisse, en faire un désir.
Elle est là, immensément vide, terriblement menaçante.
Mais ce n'est qu'une page vide qui ne demande qu'à être remplie.
Créer chez elle le désir d'être occupée, en laissant ma réflexion anticiper comment l'envahir. Pendant que les idées fusent, ma tête cultive ces fulgurances et les laisse maturer. Pendant ce temps la page blanche elle, s'impatiente.
Alors vient ce moment du rendez-vous, d'une tête trop pleine qui cherche à s'épancher et d'une feuille qui ne supporte plus son vide stérile. La fusion est instantanée, les deux parties trouvant là un terrain d 'entente.
C'est brouillon, brut, souvent désordonné, mais les bases sont là. Il y a là les fondations de ce qui sera ensuite construit. Le projet a démarré, et paradoxalement, pour mieux le faire décoller, je l'ai volontairement cloué au sol un moment. Comme pour lui faire monter le désir avant de voyager et d'arriver à destination.
02/10/2023
"Si vous ne comprenez pas [...], il s'agirait de vous remettre en question"
😦 Attendez, je ramasse mes dents et je reprends.
Que cette charmante personne pleine d'attentions se rassure, je n'y comprends jamais rien et je suis bête à manger du foin. 🐐
Mêêêh je le sais et justement, si je ne comprends pas et bêêêêh, je demande.
Qu'ensuite, cela hérisse le poil à certain d'expliquer ce qui est limpide pour eux mais pas pour d'autres, en fait je m'en moque complet. Et preuve en est que la remise en question suggérée ci-dessus n'est pas dans le bon champs ce coup-ci. 😉
Je ne serai pas le bouc émissaire d'une pensée si ruminante, qui bêlant ainsi me laisse dans le crottin. 😋
Je me remets donc en question : Suis-je une chèvre ? 😄
PS : j'aime énormément les chèvres. Animal habile, intelligent, explorateur et attachant.
20/09/2023
Quelques mots simples qui pourtant ne le sont pas.
Lancés ainsi en fin d'une discussion, par une femme. Ce qui me gêne dans cet aspect, c'est qu'au final, pour ma part, le fait que ce soit une femme et moi un homme n'était pas un élément important. Le contexte étant un échange professionnel sur un sujet professionnel, sans qu'à aucun moment la notion de genre puisse améliorer ou faire régresser le sujet.
En fait, ces quelques mots traduisent un malaise qui n'est pas le mien. Je ne me sens absolument pas concerné par cette "différence". Et j'ai du mal à comprendre pourquoi certains se concentre autant à vouloir garder cette différence.
Car c'est un sujet brulant, sur lequel l'expression va être jugée, épiée, et chaque mot pesé pour savoir si je dois être mis au pilori ou non. C'est un sujet de société important mais négligé, posé sur des siècles de souffrances inadmissibles. Mais finalement, dans cette histoire, moi je suis arrivé en ce monde sans rien choisir, ni le lieu, ni le genre, ni la date.
Ce que j'ai pu choisir, c'est de ne pas faire perdurer des aberrations crasses, de ne pas donner crédit à des violences inadmissibles, de repenser la façon de penser, d'améliorer l'éducation des mes enfants, de m'interroger sur la notion de genre. J'ai choisi tout cela avec les armes que m'a transmis ma propre mère, pas dupe et engagée, qui mettant au monde son premier garçon, a saisie l'occasion, par son humble part éducative, de faire changer le regard de la société sur le sujet. J'ai choisi aussi avec les valeurs d'un père qui avait déjà fait ce cheminement et qui à aucun moment ne m'aurait laissé déraper.
Alors merde, en 2023, se battre sur la notion de genre et ses innommables dérives, ses honteux déséquilibres, ses désuètes habitudes donnant la nausée, ses blagues pas drôles qui n'en sont en fait pas du tout, est évident et obligatoire. Il ne faut rien lâcher.
Mais pas au prix idiot de taper facilement, l'air pédant, sur mon genre à moi que je n'ai pas choisi et m'opposer sans réflexion à l'autre genre. Il ne faut pas se tromper de cible. Et honnêtement, ça me fait de la peine, non pour mon genre du coup, mais pour le fait que pendant que moi je supporte ces quelques mots idiots, les vrais soucis eux, courent.
07/09/2023
Dernièrement, un jeune m'a demandé si l'IA était une crainte pour mon métier et mon avenir.
Je me suis souvenu des craintes fondées alors il y a 25 ans en arrière avec le développement de l'internet. Un quart de siècle après, nous sommes toujours là, mais nos habitudes et façons de faire ont changé. Et nous devons composer avec le bon comme le mauvais.
Je n'ai pas plus peur de l'IA que de n'importe quoi d'autre.
Car il est des choses qui, pour l'instant, ne sont pas dévolues aux algorithmes et machines, telles que les sentiments.
Je peux moi, vous décrire l'émotion de croquer dans un muffin au chocolat, vous en expliquer le goût à travers le prisme de ma personnalité, mon histoire, mes souvenirs. L'IA elle pourra vous en donner un million de détails que j'ignore : sa recette, ses origines, son indice glycémique, etc... Et être alors une alliée de choix si nous parlons de muffins. Elle sait des milliers de choses que j'ignore, moi je sais savourer et vous le partager.
Nos travails respectifs, quels qu'ils soient, demandent plus que jamais une part d'humain. Et notre société telle qu'elle est, demande plus que jamais des outils alliés comme l'IA pour faciliter notre quotidien.
La limite se trouve dans le titre. Intelligence oui, artificiel non. Et là, je parle de nous. Si je demande à une IA de tout faire à ma place, dans moins de dix ans je ne suis plus rien. D'une certaine façon, c'est un suicide assisté. Si je prends tout le temps une voiture pour aller et venir, tôt ou tard je ne saurais plus marcher. Tout est question d'équilibre. Comme tout, c'est la dose qui fait le poison.
L'IA est une évidence de notre monde qui serait idiot de réfuter ou éviter. Mais pas au prix de nos âmes. Gardons nos réflexes, nos savoir-faire, nos capacités, nos défauts, nos zones d'ignorances, nos imperfections, car à trop lui en demander, nous assurons notre effacement.
Voilà ce que je dis à ce jeune. L'IA est et doit rester un outil. Formidable outil. Qui comme tout outil doit nous faciliter la vie et qui comme tout outil mal utilisé fera forcément le mal. Au même titre qu'un marteau lancé dans le visage de mon prochain fera le mal. N'oublions pas de quel côté des commandes nous sommes. Rien ne nous oblige à laisser glisser sous nos doigts, les commandes qui nous ferons disparaître.
28/08/2023
C'est la paradoxe génial et que j'aime de mon travail dans la communication visuelle. J'en vois les différents résultats sur des brochures, des véhicules qui passent, un panneau, une affiche, une façade, un post sur réseau social, un emballage carton, un abri-bus ou dans une vidéo... Je suis gratifié de voir mon travail un peu partout dans mon secteur.
Plus que jamais affiché à tous, exposé sans filtre, à la vue de tous. Que c'est grisant. Il y a même un petit sentiment de fierté à chaque fois.
Ce que je trouve drôle, c'est que finalement, c'est ma "signature" partout, mais que je n'ai signé nulle part. Tout au plus une ligne discrète verticale en police miniature sur un coin de flyer. Dans l'immensité de notre monde, quand je passe devant une de mes créations, seuls moi et une infime partie de ce monde savons que j'en suis l'auteur. Tous peuvent voir, peu peuvent savoir.
Et je trouve ça génial. Puis ça me sied bien. Un équilibre entre le fait d'être vu tout en restant discret. Le plaisir aussi, de déambuler et d'avoir la satisfaction de voir mon travail réussi puisque validé par ceux qui l'ont demandé et l'utilisent.
18 ans à travailler pour enfin en apprécier la teneur. La majorité professionnelle probablement... J'aime cette idée de jouer l'équilibriste entre l'ombre et la lumière. Aussi parce qu'il y a des moments où j'aime être caché et d'autres où j'apprécie d'être vu. Il y a des moments pour soi et des moment pour crâner. 😊
08/08/2023
Même en travaillant seul, de chez moi, j'arrive à râler...
Parfois pour des choses insignifiantes, des fois pour des faits plus embêtants. Mais c'est incroyable à quel point je râle. (et j'en ai conscience...)
Râler est à mon sens une bonne preuve de vie, ou en tout cas d'une intensité de vie. Même si j'admets que cela n'est pas toujours agréable pour les autres, autours, qui souvent d'ailleurs ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants du pourquoi je râle (une grosse pensée pour ma chère femme), râler est un exutoire inévitable.
Si je râle c'est que je prends les choses à cœur, que j'aime vraiment chaque instant passé à les faire. C'est l'expression d'un passionné, qui fait en étant investit totalement dans l'entreprise en cours. Parce que je pense, et défends, que si l'on fait une chose, soit nous la faisons avec passion, soit nous ne la faisons pas.
Alors je suis désolé si parfois la seule image que je laisse est celui du bougon tout ronchon, se renfermant totalement, les traits tendus et les phrases brèves (il y 'a même des gros mots parfois ! (souvent) - (bon OK, quasi toujours)😅 ), mais rassurez-vous, quand je ne râle plus, c'est que ça ne me passionne plus. Et que le temps est venu pour moi de passer à autre chose.
Je suis un bon ours ronchon mais pas méchant, et en général, quelques minutes plus tard, je suis passé à autre chose en trouvant les solutions à tout ce qui me faisait autant râler. Et donc, finalement ça fait du bien de râler au boulot !
11/07/2023
Le calcul est simple. Je vais avoir 39 ans, le plus grand de mes enfants en a 11 et la paire qui suit 9.
Moi, il me reste 25 ans à travailler, au mieux. Dans 5 à 7 ans, mes enfants se moquerons bien de savoir si je reste à la maison pour eux ou si je pars au boulot. Leur niveau d'autonomie et l'émancipation morale feront qu'ils auront probablement envie d'être régulièrement loin de leur père, qui comme tout père, "ne comprend rien", et c'est tout à fait normal.
Alors je vais profiter de ce court temps qui me reste avec eux. Je fais le choix de ne pas défoncer ma vie de papa pour le travail. Car cette vie pourra reprendre pleinement dans moins de 10 ans. Il n'est pas question de ne pas travailler, mais de travailler autrement. D'accepter de débrayer plus facilement, de me dégager du temps personnel plus facilement ou de faire des choix dans les priorités.
Car ce qui est aujourd'hui avec eux ne se passera plus jamais. Et je n'ai pas eu des enfants pour me dire un jour que je n'ai pas vu le temps passer. Car aussi, l'avenir est inconnu et que si par exemple la maladie venait à me le barrer, je préfère avoir vécu en père heureux qu'en travailleur absent pour ses enfants. Je fais le choix d'une vie plus austère, pécuniairement en tout cas, et sur un temps donné, mais sans regret. Je crains bien plus les aigreurs d'un homme qui est passé à côté de ce qu'il aimait le plus que les aigreurs d'un homme qui n'a pas pu s'acheter tout ce qu'il voulait.
Je fais peut-être le choix que j'aurais aimé que mon père fasse. Je fais peut-être un choix que beaucoup ne comprendrons jamais. Je ne demande pas à être compris d'ailleurs, ni faire de ce choix une vérité unique ou exemplaire. Et peut-être même que je me trompe. Je fais simplement le choix qui me laisse penser à une vie qui me rendra plus riche humainement que ce qu'elle me rendra riche matériellement.
Travailler, oui, bien sûr, toujours et avec passion. Et évidemment. Mais autrement. Les limites de ce champs s'arrêteront à celles du rôle qui me rend le plus heureux, quel que soit mon CV, mon salaire, ma situation, mon avenir ou encore ma réussite : papa.